Les Saint-Barth le disent, le vent sud-ouest est quelque chose de rarissime sur l’île. C’est pourtant un flux de ce secteur qui s’est installé ce samedi sur les Antilles, avec, à la clé, des petits airs erratiques (entre 5 et 8 nœuds très instables). Malgré tout, deux courses ont pu être validées. La première, un long raid de 18 milles, a été lancée dès 10 heures. Un peu trop pressé d’en découdre, le duo Franck Cammas – Matthieu Vandame (ODP 1) s’est vu rappelé à l’ordre et contraint de revenir couper la ligne, entamant ainsi la manche en queue de peloton. « On ne peut pas dire qu’on soit parti dans les meilleures conditions », a commenté le skipper qui est toutefois parvenu à remonter progressivement la flotte pour finalement s’octroyer la troisième place. « Heureusement que la course était longue », a avoué le vainqueur de l’édition 2013 de la St. Barth Cata-Cup qui a grappillé un maximum de places sur le long bord de près entre Fourchue et Bœuf, grâce à une belle vitesse. « A ce moment-là, on allait effectivement vraiment vite mais on a aussi profité du fait qu’en étant derrière, on a pu ajuster les passages des différents îlets avec de vrais repères, contrairement à ceux de devant », a noté Cammas. Même constatation du côté de chez Enrique Figueroa (Off Course Management). « En observant les gars de devant, on a pu voir leurs erreurs et éviter de faire les mêmes », a déclaré le Portoricain qui a frappé un grand coup en remportant la manche à la barre de son vieux Nacra (2013) avec une avance confortable. « Enfin on en a décoché une ! On est super content », a commenté le vainqueur de l’édition 2012 qui remonte, ce soir, de la 7e à la 5e place au général. « Une fois encore, ça a bien brassé au sein de la flotte. On a vu de nouvelles têtes aux avant-postes. Ça fait plaisir, mais surtout, ça rajoute un peu de piment à la veille de la dernière journée de compétition », s’est réjoui Figueroa.
Une manche saute, le jeu se relance
C’est d’autant plus vrai que comme le stipulent les instructions de courses, après quatre manches disputées, la plus mauvaise saute. Parmi ceux à qui ce règlement profite figurent Emmanuel Boulogne et Tanguy Kervyn (St Barth Assurances). Victimes de la perte de leur spi dans la première régate qui les avait contraints à l’abandon et qui les avait plombés au classement, les deux hommes sont maintenant de retour aux affaires surtout que la journée leur a plutôt bien réussi (8e et 2e). « Ce matin, on a à peu près rien compris mais cet après-midi, on était vraiment bien en phase avec ce qui se passait sur l’eau », a relaté Emmanuel qui retrouve petit à petit ses marques avec son équipier (ils n’avaient plus navigué ensemble depuis six ans) et qui apprivoise de mieux en mieux ses nouvelles voiles, les Decksweeper. « On commence à trouver des petits trucs, c’est chouette », a ajouté le vainqueur de la toute première St. Barth Cata-Cup qui a mené la dernière manche quasiment du début à la fin avant de se voir doubler sur l’avant dernier bord, au largue sous spi, par Franck Cammas et Matthieu Vandame. « On ne pensait pas le dépasser. On avait essayé une première fois en passant sous son vent, mais sans succès. Après, on s’est décalé dans la molle puis on a chopé une risée et ça a payé », a précisé Cammas, évidemment pas mécontent de son opération. Et pour cause, elle lui permet de faire d’une pierre deux coups : d’une part, remporter le Prix St-Barth Assurances – Allianz et, d’autre part, remonter à la première place au général provisoire après quatre courses. « Rien n’est encore joué. Les Grecs sont à deux points derrière nous. Il va falloir les surveiller. On sait qu’ils vont vite, qu’ils ne font pas beaucoup d’erreurs et que ce n’est pas facile de jouer le jeu du marquage dans la pétole », a prévenu le barreur d’ODP 1. « Au moins trois ou quatre bateaux peuvent encore gagner. Ça va être très serré. La bagarre promet d’être intense mais ça tombe bien, c’est pour ça qu’on est venu ! », a conclu Iordanis Paschalidis.
Ils ont dit :
Maxime Loiselle, équipier de Marché U : « Quand il n’y a pas de vent, c’est souvent très difficile, surtout que nous, au Québec, on n’est pas habitué à un air aussi chaud. La densité n’est pas la même. Il faut donc s’habituer. Reste que ça s’est bien passé. La première course, ce matin, a été longue. On s’attendait à un parcours plus court cet après-midi mais ça n’a pas été le cas. Quoi qu’il en soit on s’est bien amusé. On est relativement satisfait de notre journée. On a réussi à corriger quelques trucs et on commence de plus en plus à être là où on pense qu’on devrait être dans le classement, c’est-à-dire entre la 10e et la 12e place. On réussit toujours à prendre de bons départs mais après on perd un peu. On espère réussir à concrétiser. »
François Carro, équipier de Gill : « Lors de la première manche, on est resté 7 ou 8e pendant la première heure de course mais au moment où on a jibé l’île Fourchue, on a perdu énormément de terrain parce qu’on s’est retrouvé avec plus du tout de vent. Ceux de devant ont filé et on s’est retrouvé dans le paquet. Ça a été un peu dur pour le moral, surtout qu’ensuite la remontée au près jusqu’à Bœuf a été très longue et très molle surtout. Cet après-midi, il y avait 6-7 nœuds à peine et ça n’a pas été terrible pour nous parce qu’on a fini dans les derniers. Au final, le bilan de la journée est un peu mitigé. »
Pierre Arbona, équipier de AMC : « La journée a été dure. On a pris des mauvais départs et après, on a eu du mal à revenir. Sur la première manche, on a réussi à limiter la casse, en revanche, sur la deuxième, ça a été catastrophique parce qu’on n’a jamais pu se mettre vraiment dans le match. Forcément, ce soir, on est un peu déçu mais on espère pouvoir grappiller quelques places demain. Ce sera possible s’il y a du vent mais ça va rester compliqué s’il y a pétole parce qu’on a un vieux bateau et qu’on est lourd. »
Programme de demain, dimanche 19 novembre